FR | DE
FR | DE

RQV sur place | Réseau quartiers vivants

Jeudi, 26 JUIN 2025, 13h30 à 17h00

Fribourg: Participation et négociation dans les quartiers

Le 26 juin le Réseau Quartiers Vivants s’est rendu sur place à Fribourg avec une quinzaine de participant.e.s afin d’être introduit à deux dispositifs distincts : le réseau Paysages éducatifs et les jardins partagés de la Ville de Fribourg. Le Réseau Quartiers Vivants remercie la Ville de Fribourg pour son invitation et ces impressions intéressantes.

Le dispositif Paysages éducatifs: négocier et expérimenter les idées du quartier 

Le réseau Paysages éducatifs est un projet de la Cohésion sociale de la Ville de Fribourg, lancé en 2022 par le Service des écoles. Son objectif principal est de mettre en lien les responsables de l’enfance et de la jeunesse (enseignant·e·s, travailleur·euse·s de jeunesse, entraîneur·euse·s de football, travailleur·euse·s sociaux, etc.), afin de favoriser l’égalité des chances entre les jeunes habitant·e·s.

À ses débuts, le réseau se concentrait sur l’entrée scolaire et les transitions entre les cycles scolaires. Aujourd’hui, sa mission principale est la mise en réseau des professionnel·le·s et bénévoles de l’enfance et de la jeunesse, quartier par quartier. Un groupe d’accompagnement a été formé dans chaque quartier ; il se réunit quatre fois par an afin d’échanger sur les besoins et les souhaits des enfants et adolescent·e·s du quartier concerné.

Paysages éducatifs organise également une fois par an le Forum enfance-jeunesse, qui vise à renforcer les liens entre les professionnel·le·s et bénévoles du domaine, tout en faisant remonter les besoins identifiés aux politicien·ne·s de la Ville. Le projet Paysages éducatifs dispose d’un budget dédié au financement de projets pilotes. Ce budget contribue à renforcer la confiance des acteur·trice·s de terrain, puisque celui-ci permet une concrétisation rapide des initiatives grâce à l’appui du réseau Paysages éducatifs. Il permet également de tester l’utilité des projets. Le fonctionnement par l’expérimentations et évaluations, suivi parfois par des ajustements, des projets-pilotes rassurent les décideur·euse·s politiques, ce qui favorise la pérennisation du financement des projets testés et jugés comme utiles.

Grâce aux groupes d’accompagnement, différents projets pilotes ont vu le jour, comme un coin lecture dans une école qui n’avait pas de bibliothèque scolaire, ou une journée „entrée en école primaire“ pour les enfants et leurs parents, comprenant notamment une chasse au trésor. Un autre projet-pilote, qui a entre-temps été pérennisé, est celui du soutien scolaire à domicile ou en classe, assuré par des étudiant·e·s de l’Université de Fribourg. D’abord mis en place par une école, ce projet a ensuite été étendu à l’ensemble des enfants de la ville.

Les échanges entre les quartiers, l’administration et les responsables politiques ont permis de valider et de financer certains projets à long terme. Les négociations entre les professionnel·le·s de l’enfance et de la jeunesse, l’administration communale et les décideur·euse·s politiques sont facilitées grâce à la possibilité de tester les initiatives à l’aide d’un budget existant. Cela évite de longues démarches administratives, souvent dissuasives, et permet de faire émerger des solutions efficaces, tout en ajustant les projets au fil du temps.

Les jardins partagés : participer et négocier dans un espace démocratique restreint

La Ville de Fribourg met à disposition de sa population deux jardins partagés : un dans le quartier du Schönberg et un deuxième dans le quartier du Jura. Chaque jardin est accompagné par un·e animateur·trice socio-culturel·le de l’association Reper. Chacun·e est engagé·e à un taux d’activité de 40 à 50 %.

Les jardins partagés sont basés sur les principes de l’animation socio-culturelle : le faire-ensemble et la co-construction. L’association Reper, qui anime ces jardins, poursuit des objectifs à long terme, ce qui favorise des relations de confiance. L’objectif de la participation est de favoriser une posture d’écoute active et de construction collective. L’animation socio-culturelle vise, par son travail, à améliorer la qualité de vie dans les quartiers, en co-construction avec les habitant·e·s. Les métiers de la Ville sont ainsi compris comme étant au service de la population.

Pour l’association Reper, le jardin partagé est un outil de l’animation socio-culturel intéressante pour diverses raisons. Il constitue est à la fois un espace démocratique — y compris pour celles et ceux qui ne votent pas — et un projet multiculturel et transgénérationnel. Le jardin partagé permet de vivre plusieurs réalités dans un espace restreint, ce qui peut s’avérer difficile par moment. Il permet de transmettre des savoirs, des connaissances, des coutumes, mais aussi d’expérimenter le conflit, la déception et la créativité.

Le travail de l’animation socio-culturelle ne se limite donc pas qu’au jardinage : il inclut la rencontre, la médiation en cas de conflit et l’organisation de fêtes et de repas au fil de l’année. C’est pourquoi, même si des bénévoles engagé·e·s peuvent faire vivre un jardin partagé, cela ne signifie pas pour autant qu’un tel projet peut être pérennisé sans la présence d’un·e animateur·trice socio-culturel·le. Les animateur·trice·s socio-culturel·le·s saluent ainsi l’engagement de la Ville de Fribourg, qui a fait le choix d’accompagner durablement ses jardins partagés par des professionnel·le·s.

Il peut aussi servir d’outil pédagogique, comme c’est le cas au jardin du quartier Schönberg, où des élèves viennent le visiter quatre fois par année. Les liens créés avec ces publics réguliers donnent du sens et de la reconnaissance au travail des bénévoles. Les visites des élèves sont vécues comme une forme de récompense et participation citoyenne.

Les deux jardins partagés fonctionnent grâce à l’engagement bénévole. Certain·e·s habitant·e·s s’y investissent très activement, d’autres de manière plus ponctuelle, notamment lors d’événements festifs. Les récoltes sont avant tout prévues pour les bénévoles engagé·e·s, même si ces dernier·ère·s préfèrent souvent partager leur récolte, car iels ne viennent pas jardiner pour produire, mais pour contribuer à la vie collective. (Selon les animateur·trice·s de Reper, les personnes qui jardinent pour récolter préfèrent les jardins ouvriers au jardins partagés.) Les deux jardins partagés disposent de nombreuses herbes aromatiques, qui peuvent être cueillis par l’ensemble du quartier.

Enfin, le mobilier des jardins est bien respecté, et ne fait l’objet ni de vols, ni de dégradations, ou seulement très rarement. Cela témoigne du respect que les habitant·e·s des quartiers portent envers ces espaces.

Autres Manifestations